numéro 22
Dossier : Tuer le temps
Responsable du dossier : Pierre Gévart
Format livre
192 pages – disponible
Prix : 14,99 € (dont 3,99 € de frais de port)
Format numérique
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éditorial 22
EXTRAIT
S’il est quelque chose d’encore plus difficile à définir que la science-fiction, c’est le temps. Le temps qui passe, le temps qui s’écoule, le temps dans lequel Herbert George Wells a ouvert une brèche par où se sont précipités les meilleurs auteurs du genre (et parfois aussi les moins bons, hélas), le temps différent, le temps élastique, le temps incertain… Et finalement, que les textes évoquent le futur encore à construire, un présent décalé, un passé remanié, ils parlent souvent du temps. Or, le temps, on ne sait pas vraiment ce que c’est. C’est pour cela que je n’ai pas demandé à un scientifique de nous expliquer ce que c’est, mais plutôt pourquoi on ne peut pas l’expliquer.
Pour beaucoup de gens, le temps est une évidence, un facteur transcendant tous les autres, et auquel tout serait soumis de la même manière. Or, cela n’a rien d’une évidence. La permanence de la validité des lois physiques n’est qu’une hypothèse de travail. « Avant qu’Abraham fût, Je suis ! »fait dire au Christ l’évangile de Jean. C’est un passage qui a donné du fil à retordre aux traducteurs et aux exégètes, et que nos correcteurs grammaticaux auraient eu vite redressé, au nom de la concordance des temps. Mais c’est une parole essentielle, et dont on retrouve l’écho dans de nombreuses autres sagesses et religions. Essentielle car elle met le temps à une autre place que cette évidence absolue que nous évoquions. Le temps est lui-même objet de création. (…)