numéro 33
dossier : SF et Totalitarismes
Responsable du dossier : Patrice Lajoye
Format livre
192 pages – disponible
Prix : 14,99 € (dont 3,99 € de frais de port)
Format numérique
4,90 € / Tout en couleurs et avec des nouvelles en bonus !
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éditorial 33
EXTRAIT
Dans Rêve de Fer, Norman Spinrad imagine qu’Adolf Hitler, déçu par les suites de la guerre de 1914-1918, émigre aux États-Unis et que, devenu écrivain de science-fiction, il produit un roman d’Utopie dystopique, un livre dans lequel il inventele monde tel qu’il aurait pu être si lui, au lieu d’être un écrivain, avait été ce héros aryen, blond, pur et doté d’yeuxparfaitement bleus. Dans ce livre, l’uchronie elle-même n’occupe que quelques pages. Le gros morceau, c’est ce roman terrible. Bien entendu, Spinrad, en 1972, écrit, quoi qu’on puisse penser de Hoover et de Richard Nixon, dans un monde démocratique. Mais ce qu’il produit, comme objet fictionnel ressemble beaucoup à ce qu’auraient pu,ce qu’ont pu écrire des auteurs nazis.Le nazisme est un de ces totalitarismes sur lesquels Patrice Lajoye m’a proposé de construire un dossier pour Galaxies.
Ce qui l’intéressait, et ce qui m’a convaincu de le suivre, c’était cette interrogation: quelle utopie en dystopie? Comment la science-fiction, notre chère science-fiction, que nous parons parfois de toutes les qualités, dont nous pensons qu’elle dénonce, qu’elle prévient, comment peut-elle également dénoncer ce qui nous paraît positif ou annoncer ce que nous considérons comme le pire. D’une certaine manière, aujourd’hui, pour certains extrémistes persuadés de la nuisibilité de l’homme en temps qu’espèce, une dystopie aboutissant à la destruction d’une grande partie de l’humanité n’est pas vraiment une dystopie, mais une manière d’espoir, et donc de chemin vers l’Utopie. Mais écrire de la science-fiction sous un régime totalitaire, ce n’est pas non plus forcément écrire en complicité, cela peut aussi être résister. Patrice Lajoye, à propos de la Russie, Elmar Podlasly, à propos de la période nazie, Philippe Ethuin sur la France collaborationniste, Bruno Pochesci sur un écrivain sous Mussolini, et surtout Cristian Teodorescu, dont est ici reproduite, relue et complétée par lui, la conférence qu’il a prononcée à Amiens, en juillet dernier, sur la science-fiction sous Ceausecu, apportent chacun son témoignage.(à suivre dans Galaxies 33…)