numéro 56
Dossier: SF et guerre de 14-18
Responsable du dossier: Patrice Lajoye
Format livre
192 pages – disponible
Prix : 14,99 € (dont 3,99 € de frais de port)
Format numérique
4,90 € / Tout en couleurs et avec des nouvelles en bonus !
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éditorial 56
EXTRAIT
(…) Je n’ai pas oublié ces vieux messieurs (pourtant plus jeunes que je ne le suis aujourd’hui) qui étaient mes oncles ou mes grands-oncles, et qui avaient connu cette autre guerre, 35 ans plus tôt, celle de 14-18. Ils en parlaient peu, car ce qu’ils avaient vécu était inracontable, mais ils avaient encore dans la tête et dans le cœur la boue des tranchées mêlée de tripes et de sang, le vacarme des mitrailleuses, les sifflements des obus, les ronflements des mines, et puis les rats, le froid. Et parfois même ils ont vécu, le reste de leurs jours, un shrapnell leur tenant lieu d’omoplate. Eux non plus n’aimaient pas la guerre en dépit des drapeaux et des monuments aux morts où ce qu’ils venaient célébrer avec fidélité n’était pas la violence des combats, mais le souvenir des copains disparus dans ces tranchées d’enfer où l’avenir lointain ne se comptait qu’en heures, voire en secondes.
Alors, pensez! De la science-fiction…Il a donc fallu un certain courage à Patrice Lajoye pour se lancer dans le dossier que je lui avais proposé de monter sur la guerre de 14-18, à l’occasion du centième anniversaire de l’armistice du 11 novembre 1918. Courage, parce que de la science-fiction, pendant ces années de boucherie, on n’en a pas écrit beaucoup. Comment se laisser encore aller à l’imaginaire quand on vivait l’inimaginable? Dans toute la production des journaux de tranchée, qui furent nombreux, Costeset Altairac, dans Rétrofictions, leur Encyclopédie de la Conjecture Romanesque Rationnelle Francophone, n’ont dénombré que trois pièces de littérature spéculative! «Trois publications renfermant de la conjecture ont été repérées (…) On peut également mentionner un texte paru dans un journal de prisonniers en Allemagne, “Au temps où les femmes règneront”». Allez, quatre, en quatre années de guerre. Voilà qui n’est pas bien abondant! (…)