EXTRAIT
Ceux qui me connaissent bien savent que, en matière de sport, je suis ce qu’on peut appeler un Churchillien convaincu.1A peine ai-je un peu pratiqué le rugby au lycée, effectué quelques tours de circuit en kart et possédé une licence de la fédération française de yachting autour de mes vingt ans. Mais depuis cinquante ans, rien! Il suffit que j’aperçoive l’ombre d’un maillot à l’écran pour zapper aussitôt et si la radio m’inflige l’enthousiasme forcé d’un commentateur sportif, je change de station. C’est dire à la fois l’intelligence et la finesse dont a fait montre Meddy Ligner quand il m’a proposé un dossier sur Sport et Science-Fiction… Ne me suis-je pas fixé pour règle, ou plutôt comme projet éditorial, comme je le réexplique chaque année –avec succès –à la commission de l’aide aux revues du CNL (Centre national du livre), d’aller chercher partout la science-fiction, d’aller la débusquer dans les langues les plus inconnues, dans les cultures de l’abord le plus improbable?

Eh bien, c’était le cas: je ne parle pas la langue du sport, je n’en connais pas les arcanes, et les stades ne sont pourquoi que ces endroits terribles où se fondent les coups d’Etat fascistes. Alors, allons-y! Et je ne regrette pas le voyage! J’ai pris plaisir à lire les très bonnes nouvelles écrites pour l’occasion par Rachel Tanner, Fabien Clavel, Régis Goddyn, Sylvain Lamur et Meddy Ligner. Et je n’oublie pas le texte de Robert Howard, sur la boxe, ni le poème de Stephen King, là où on ne l’attendait pas, un qui n’est certes pas de science-fiction, mais qui, à travers la puissance d’évocation et la nostalgie profonde, est vraiment à sa place dans les mondes de l’imaginaire, d’autant qu’il n’était pas facile de la traduire sans le trahir, performance (puisque nous parlons de sport, parfaitement réussie par fred gev, ancien rédacteur en chef de Géante rouge, écrivain, et marathonien étonnant… Et puis, si vous appréciez l’uchronie, je vous conseille l’excellente nouvelle de Meddy Ligner, «Le Saigneur des Rings», bourrée de clins d’yeux et aussi d’érudition sportive et autre. (…)