EXTRAIT
D’UNE CERTAINE MANIÈRE on pourrait dire que l’uchronie commence par l’esprit de l’escalier. Vous savez: ce qui fait que, en quittant une conversation, un rendez-vous ou un débat on se dise «Ah! voici ce que j’aurais pu dire, ce que j’aurais pu répondre» et à partir de là les choses auraient évolué différemment, et on rembobine la chose. Nous passons finalement notre temps à faire de l’uchronie sans le savoir. Mais faire de l’uchronie ou lire de l’uchronie, cela peut semblera priori loin de la science-fiction et pourtant cela s’y rattache, pas seulement parce qu’il y a des uchronies qui se développent à partir du concept de machine à voyager dans le temps mais parce que c’est une œuvre imaginaire, parce qu’il s’agit de construire différemment ce qui a été en en faisant ce qui n’a pas été mais qui aurait pu être.

Pour parler de ce genre, je me suis adressé à des spécialistes : Bertrand Campéis, Karine Gobled, Jean-Guillaume Lanuque, et aussi Éric Henriet qui a bien voulu répondre à mes questions lors d’une longue interview que nous avons, nécessité des temps le voulant, menée en partie en visioconférence. Et puis, l’uchronie, nous ne voulions pas seulement en parler: nous voulions aussi en montrer. D’où l’idée de lancer un appel à textes sans thème précis si ce n’est que les dits textes devait être des uchronies. Nous pensions en recevoir quelques dizaines, et le chiffre final monta à 154. Nous nous constituâmes donc en comité de lecture et les 154 textes réunis par paquets de dix furent lus par les quatre membres de ce comité : Karine, Bertrand,Jean Guillaume et moi-même, un paquet par semaine. Les questions que nous nous sommes posées étaient: est-ce que ce sont des uchronies? Sont-elles bien écrites? L’histoire est-elle respectée ou du moins la crédibilité historique? le scénario tient-t-il la route? et nous en avons retenues quatorze pour une publication dans Galaxies. (…)