numéro 76
dossier: la sf en suisse romande
responsable du dossier: Jean-François Thomas

Format livre
192 pages – disponible
Prix : 14,99 € (dont 3,99 € de frais de port)
Format numérique
4,90 € / Tout en couleurs et avec des nouvelles en bonus !
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éditorial 76
EXTRAIT
Je me suis longtemps demandé si les gens qui occupent une position géographique élevée avaient un problème avec les rectangles. Je faisais en effet partie de ces enfants qui ouvraient avec gourmandise la couverture de leur Petit Larousse pour y scruter les pages de garde illustrées par des drapeaux aux couleurs parfois tonitruantes et symbolisant cette tournure d’esprit détestable qu’on appelle le nationalisme : je veux parler des pages consacrées à la vexillographie, dont chacun sait qu’elle désigne l’étude des oriflammes drapeaux et autres étendards. Je n’y peux rien cela fait partie de mes contradictions internes : j’allie par exemple une haine viscérale de la guerre à une passion pour les collections de soldats de plomb. Mais peu importe, ce n’est pas le sujet ! Ce qui m’intriguait dans la juxtaposition des petits rectangles colorés c’était les deux exceptions : le Népal qui en fait de pavillon offrait une superposition de deux triangles colorés de rouge et de jaune et la Suisse dont le drapeau était carré. Ce qui fait, car il l’est toujours, que vous pouvez l’accrocher par n’importe quel côté, d’autant qu’avec sa croix blanche aux branches identiques, il est parfaitement quadri symétrique. Or, et cela ne vousaura pas échappé, la Suisse et le Népal sont deux pays qui se situent sur des massifs montagneux. Il y a là sans doute quelque chose qui mériterait qu’on s’y intéresse.
Enfin peut être pas.
Ma deuxième impression sur la Suisse, ce fut quand avec mes parents j’allais y découvrir les sports d’hiver. J’étais dans ma dixième année, et plutôt que de perdre du temps à aller m’inscrire dans un cours de ski, à écouter un moniteur, à observer ce que faisaient les autres, j’avais étudié toutes les figures et les subtilités nécessaires dans un des dossiers passionnants publiés à l’époque par le journal de Tintin. J’en ai ramené une faiblesse au genou droit qui m’a poursuivi tout le reste de ma vie. C’’est dire que la Suisse, d’une certaine manière, je l’ai dans la peau. Je passe sur les chocolats, et j’en viens aux conventions nationales françaises de science-fiction, événements que je découvris sur le tard et où je me rendis compte qu’on pouvait y rencontrer des autrices et des auteurs suisses, des gens en règle générale sympathiques, amicaux, et dotés d’un humour, d’une approche décalée des choses qui me donnèrent envie de leur pardonner ma rotule, et de m’intéresser à leur production. Alors, quand je me mis à diriger des revues de science-fiction avec comme ligne éditoriale une volonté de découvrir cette science-fiction partout où elle se trouvait dans le monde et pas seulement dans les aires géographique bien balisées, je me suis dit qu’il me faudrait consacrer un jour un des dossiers à cette science-fiction dont il m’était donner de découvrir avec jubilation la richesse étonnante, matérialisée même par un musée, centre d’études, la Maison d’Ailleurs.. (…)