EXTRAIT
Il y a une vingtaine d’années, travaillant alors avec les éditions Éons, j’avais retrouvé au fond de la Saskatchewan l’écrivain roumain Sergiu Farcasan qui avait publié en 1958 « O iubire in anul 41042», un roman de science-fiction dans lequel l’auteur avait alors dû glisser des éléments de propagande pour le régime de Ceausescu… Il faut croire que l’auteur lui même était peu sensible à cette propagande puisque – avec la complicité active du bon docteur Isaac Asimov lui-même – il avait pu en 1972 passer à l’ouest (selon l’expression alors consacrée). Aussi me demanda-t-il avant que nous rééditions son livre de bien vouloir l’aider à faire disparaître de la traduction française toute trace de propagande. Nous l’avons fait en gommant en particulier le pèlerinage intersidéral au mausolée de Lénine. Et pourtant qu’est-ce qui avait changé au total ? Peut-être une quinzaine de lignes sur un roman de plus de 300 pages. L’anecdote est intéressante, car elle montre que ce qui sépare la littérature de la propagande peut parfois n’être qu’un détail. Mais à d’autres moments, c’est plus qu’un détail comme va vous le montrer le dossier préparé par Patrice Lajoye sur ce sujet. La science-fiction, en effet, quel formidable outil de propagande : annoncer les lendemains qui chantent en les mettant en scène et en les décrivant, voilà qui à priori pourrait sembler bien efficace. 

En Chine, le président Xi Jinping ne s’y trompe pas qui encourage vigoureusement le genre, se référant même explicitement à la science-fiction dans plusieurs de ses interventions publiques. Alors attention : la propagande est partout, elle nous guette et souvent sans même nous en rendre compte nous nous en faisons les complices. Merci à Patrice de lancer l’alerte.2023 est l’année pendant laquelle Galaxies va fêter les 15 ans de sa reprise par l’équipe que je dirige. Et s’il faut en croire la présidente du centre national du livre (CNL), la revue se porte bien. Je cite : « Par sa publication régulière de fiction originales, de critiques littéraires, de rubriques techniques et de dossiers thématiques, souvent inattendus, cette revue de science-fiction joue un rôle notable dans la structuration critique du genre en France et dans les pays francophones. Sérieuse et imaginative, parfois franchement audacieuse dans ses choix de découverte, elle se distingue notamment par ses thématiques d’ouverture vers des littératures de genre moins connues du public. » Voilà des mots qui font plaisir et qui encouragent toute l’équipe, car ce résultat est dû au travail de chacun à l’engagement de tous.

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